Article du Los Angeles Times

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Voici la traduction d’un long article du Los Angeles Times datant d’à peine quelques heures. C’est un article parsemé d’entretien qui compile a peu près tout ce qui s’est passé cette année comme la sortie de prison de son fils Jaycee, le phénomène Duang, le récent classement Forbes et bien entendu ses prochains films notamment un premier avis sur ce que Jackie Chan pense de The Foreigner, projet hollywoodien qu’il tournera sous la direction de Martin Campbell. Bonne Lecture.

Jackie Chan: Pris entre l’Est et l’Ouest

Sous la chaleur d’un après-midi étouffant, dans son bureau caché au sous-sol d’un garage de voitures de sport et une salle d’exposition pour jet privé, Jackie Chan fait défiler joyeusement des photos sur son MacBook. Le maître en arts martiaux et multimillionnaire est désireux de montrer, non pas ses dernières cascades, voitures ou avion privé, mais ses animaux en peluche très prisés.

Il y a environ cinq ans, il explique naïvement, être allé dans une boutique d’ours en peluche  « Built-A-Bear Workshop »  à Londres pour acheter deux pandas, y placer un cœur à intérieur de chaque et créer leurs « certificats de naissance». Depuis, il n’a cessé de prendre des milliers de clichés avec des amis et célébrités posant avec les peluches, nommé Chan La et Chan Zy, les embarquant ainsi avec lui autour du monde pour rendre visite à ses fans.

« Oh, voici les pandas avec Stallone ! Ang Lee ! Jet Li ! Que des gens célèbres ! » Chan s’exclame, en riant. « Où est celle avec Bill Clinton ? »

Plus tard, un de son entourage suggère qu’il est temps de lever la séance pour quelques « hot pot » (variété culinaire). Chan se redresse et il y a comme un sifflement, presque comme un éclatement de ballon. Soulevant sa chemise, il révèle un soutien lombaire gonflable.

«Vieillir » dit Jackie Chan 61 ans. « Je ne peux pas rester trop longtemps assis »

Chan vient de publier une autobiographie en chinois, « Never Grow Up, Only Get older » et le titre est plus qu’un à propos.  Avec plus de 100 films à son actif, il est clair que la star du cinéma d’action né à Hong Kong n’a rien perdu de l’admiration que ses fans lui portent à travers le monde.

Bien qu’il n’a pas tourné dans une production hollywoodienne depuis le remake en 2010 de Karate Kid avec Jaden Smith – son étoile brille peut-être plus fort que jamais, en particulier en Asie.

Selon le magazine Forbes, Chan a gagné 50 millions US$ au cours des 12 derniers mois – et pas seulement avec ses films, mais grâce à ses myriade d’autres entreprises, qui comprennent absolument tout, des vêtements à des lunettes en passant par des salles de cinéma et les scooters Segway (Chan est connu pour monter sur ses engins à deux roues sur les plateaux de tournage). C’est plus que tout acteur mondialement connu en dehors de Robert Downey Jr, le positionnant à la place n°38 sur la liste des célébrités les mieux payés au monde devant le basketteur Kobe Bryant, Tom Cruise et le rappeur Dr. Dre.

Une enquête mondiale réalisée cette année par la firme anglaise YouGov place Jackie Chan comme étant le quatrième homme le plus admiré dans le monde, après Bill Gates, le président Obama et le président chinois Xi Jinping.

Au printemps dernier, Chan se trouvait au centre d’un phénomène de la culture pop – « Duang !» – Une onomatopée qui a pris naissance lors d’une publicité pour shampooing qu’il a filmé en 2004. 

Avec un tel cachet, Chan devrait être idéalement positionné pour capitaliser sur l’accélération de la convergence entre Hollywood et l’industrie du divertissement chinois. Et pourtant, sa carrière semble pris dans une bifurcation intraitable: Ses comédies américaines sont rarement des succès en Chine, tandis que ses énormes succès chinois tel que Chinese Zodiac et Police Story 2013 ont tendance se planter, au mieux, rester culte.

« En Amérique, ils ne veulent pas me voir tourner dans un drame. Ils veulent que je fasse  Rush Hour 1, 2, 3, Shanghai Kid… ces sortes de choses », dit Chan, qui dit qu’il essaie d’améliorer son anglais en regardant CNN.

«Je fais deux films pour le marché chinois, un film ou deux pour les Américains, un autre pour les chinois. Pauvre de moi ! » dit Chan, blaguant à moitié. « Will Smith, Tom Cruise, Tom Hanks – ils sont si chanceux. Chaque fois que leurs films sortent … le monde entier peut les voir.

Son dernier film d’action, Dragon Blade – un péplum, qui propose des batailles sanglantes entre soldats chinois face à des soldats romains interprétés par John Cusack et Adrien Brody – est devenu un blockbuster majeur cette année sur le continent chinois, rapportant plus de 120 millions $.

Le film, tourné dans les déserts sauvages de l’ouest de la Chine, est distribué aux usa par Lionsgate Premiere le 4 septembre prochain. Mais si vous lui demander si il pense que Dragon Blade, avec son ton sérieux et ses scènes de combat sauvages, sera un succès aux États-Unis, Chan est plutôt pessimiste.

«Probablement pas » dit-il. « Mais je dois essayer ».

Chan aura plus de chance de satisfaire les Américains avec Skiptrace, une comédie d’action prenant place en Chine dans lequel il interprète un détective qui doit faire équipe avec un joueur de Casino interprété par Johnny Knoxville. Le film, réalisé par Renny Harlin (58 Minutes pour vivre, Cliffhanger), devrait arriver dans les salles autour de Noël en Chine.

La star de Jackass, qui, comme Jackie Chan puise son inspiration des comédies physiques de Buster Keaton, dit qu’il a été frappé à la fois par la présence hors normes de Chan et sa générosité pendant leurs mois de tournage.

« Quand je l’ai vu le premier jour … Jackie Chan était sur son Segway », se souvient Knoxville. « Il avait cette veste militaire chinoise, avec un beau collier épinglé sur celle-ci. Je lui ai dit : « Dieu, c’est un très beau manteau. » Et il me répond, « Tu aimes ? Tu peux l’avoir ». Il m’a donné le manteau.

« Il est un homme très gentil et généreux qui est comme un enfant de 8 ans qui ne peut  pas rester en place. Je ne peux pas imaginer comment il était à l’école. Il dû rendre fou  les enseignants parce qu’il faisait, tout le temps, cinq choses à la fois. »

Jackie Chan a parfois les attributs classiques d’une diva ; par exemple, il dispose d’un règlement concernant la salle de bain pour son personnel et affaire de Sports de sa marque «JC» comprenant pantalons,  chaussettes, chaussures et lunettes de soleil (sa chemise d’aujourd’hui est imprimé avec son mantra « I can because i think i can » (en français, Je peux car Je pense que Je peux).

Pourtant, les acteurs et réalisateurs qui ont travaillé avec lui le décrivent comme étant obsessionnelle, réfléchie et attentionnée. Rob Minkoff, qui a réalisé en 2008,  Le Royaume Interdit, se souvient de Jackie Chan prenant avec lui des équipements vidéo de Hong Kong pour rendre le tournage dans le désert plus facile.

La philanthropie fait partie du style Jackie Chan. Retour dans son repaire souterrain, un assistant interrompt la séance photos des pandas  de Chan pour une rencontre avec une femme qui supervise le travail de ses fondations caritatives, à partir desquelles ils ont pu construire 27 écoles dans les communautés pauvres de la Chine et divers soutiens y compris des activités sportives pour les jeunes à Hong Kong. En plus de ces projets, il a été un ambassadeur de bonne volonté pour l’UNICEF, a financé un centre d’entraide pour les personnes âgées à San Francisco et il a de manière obsessionnelle acheté, démonté, restauré et les foyers chinois historiques qui autrement auraient été victimes de démolition ; quatre de ces structures sont maintenant sur un campus universitaire à Singapour.

Chan dit qu’il pense de plus en plus à son héritage depuis les deux dernières années, après une balade en voiture avec son ami David Foster. Le compositeur et producteur canadien a demandé à Chan, qui a lui-même une belle carrière de chanteur en Chine, quel âge il avait. Cinquante-neuf ans, a dit Chan à l’époque. Foster répondit d’un ton neutre que Chan n’avait plus que 21 étés – toute chose faite après 80 ans, est un bonus.

L’avertissement de Foster, dit-il,  lui a fait ruminer « enterré enfouis dans le sol. Les vers vont me manger. Je vais disparaitre. … Je me suis dit « Comment vais-je passer ces 21 étés ? »

«Je pourrais prendre ma retraite, passer chaque jour à rigoler, mais je veux faire de bonnes choses de ces 21 ans. Aidez les gens avec mon argent, juste faire de bonnes choses. Voilà la chose la plus importante. … J’ai dit à mon fils, quand je mourrais, à ma banque, il restera zéro. Quoi que j’ai, je ferais un don ».

Un des rôles que Chan a repris, de manière assez inattendue, est la paternité. Son fils de 32 ans, Jaycee, un acteur et chanteur, a été arrêté l’année dernière à Pékin pour des accusations de consommation de marijuana et a passé six mois derrière les barreaux – une situation délicate pour Chan, qui était un ambassadeur officiel anti-drogue du gouvernement chinois et un membre d’un comité consultatif politique.

Jaycee a été libéré, le même jour de sortie que Dragon Blade. Chan dit qu’il n’a pas essayé de pistonner son fils et dit que la punition était une «bonne chose» pour lui. Occupé à poursuivre sa carrière d’acteur, Chan reconnaît qu’il était souvent loin de la maison pendant de longues périodes, laissant la parentalité en grande partie à son épouse de 33 ans, l’actrice taïwanaise à la retraite Feng-Jiao Lin.

Ces jours-ci, dit-il, « nous sommes de plus en plus intime, parce que ces choses se sont passées ». Son fils, reconnaît-il, a encore «très honte » de voir des gens et porte un masque quand il sort en public. « Je lui ai dit, ‘Ne fais pas ça. Soit toi-même … Tout le monde fait des mauvaises choses Tant qu’il ne recommence pas, je te pardonne une fois… Pas la deuxième ».

Chan dit qu’il espère qu’il pourra collaborer avec Jaycee sur son album, peut-être même apparaître dans un film ensemble. La prison, at-il dit, a rendu son fils plus productif. Une telle rupture de la vie quotidienne, dit-il à un journaliste de l’Associated Press, pourrait être bon contre la surcharge de travail d’aujourd’hui. « Je pense parfois à mettre en place un « centre de vacances de prison, afin de forcer des gens riches, moi-même, d’aller en prison » dit-il en plaisantant.

Au fil du temps et compte tenu de ses liens avec le gouvernement, Chan a appris à tempérer ses mots et est visiblement fier de la croissance récente de la Chine.

« Aujourd’hui, la Chine peut tout faire … rien est impossible en Chine. La Chine a plus de 5000 ans d’histoire, les 15 dernières années ont été les meilleurs – pas de guerres » dit-il quand quelqu’un évoque la candidature réussie de Pékin pour les Jeux olympiques de 2022 en dépit du peu de neige. « Nous avons eu les Jeux Olympiques d’été, l’exposition de Shanghai, maintenant les Jeux olympiques d’hiver. Tout est en plein essor. Bien sûr, nous apprenons. Nous nous débarrassons des mauvaises choses. Donner nous une chance de faire quelque chose… »

Dans quelques jours, Chan va commencer la production du film Kung-Fu Yoga qui sera suivi par un film sur la seconde guerre mondiale intitulé RailRoad Tigers  qui se concentre sur les travailleurs de chemins de fer qui essaient de saboter les expéditions du matériel militaire du Japon vers l’Asie du Sud-Est.

Mais le futur projet dont il semble être le plus enthousiaste est The Foreigner, un drame tourné en langue anglaise qui sera réalisé par Martin Campbell (Casino Royale) basé sur le roman de Stephen Leather « The Chinaman », au sujet d’une guérilla mené par ex-soldat vietnamien parti à Londres pour monter son propre restaurant et qui est pris dans un bombardement de l’IRA dont il cherchera à se venger.

« C’est un film sérieux. Il est approprié pour mon caractère et mon âge», dit Chan, citant les rôles assumés par Robert De Niro, Clint Eastwood et Liam Neeson comme des exemples du genre de rôle qu’il souhaite maintenant à Hollywood.

Jeff Yang, co-auteur de 1998, la biographie de Chan, « I Am Jackie Chan: My Life in Action», a dit que Jackie Chan était né « trop tôt » pour le nouveau chapitre du cinéma « avec des acteurs chinois et où le financement chinois joue un beaucoup plus grand rôle à Hollywood » (NDR : Fury avec Brad Pitt et Fast and Furious 7 ont des investissements chinois)

« Ils ont attrapés Jackie sur la fin de sa carrière, mais qui sait ? Jackie est toujours le seul acteur chinois, mis à part peut-être Jet Li, qui est dans les esprits aux Etats-Unis »

Minkoff a dit qu’il ne pense pas que la carrière de Chan est terminée à Hollywood. « Les gens ont dit la même chose de John Travolta avant Pulp Fiction. Qu’il ne marchera plus jamais à Hollywood à nouveau. Puis, soudain, il était dans absolument tout » dit Minkoff.  «Les spectateurs aiment encore Jackie»

Julie Makinen pour le Los Angeles Times – photo Ng Han Guan / Associated Press

Tirry

Rédacteur en Chef. Amoureux du cinéma asiatique notamment chinois/HK. Certifié fan de Jackie Chan depuis ses 11 ans.

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