[critique] RAILROAD TIGERS de Ding Sheng (2016)

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Sorti en décembre 2016 dans les salles chinoises et très récemment en dvd/blu-ray en France, Railroad Tigers fait partie de la fournée de six films avec Jackie Chan sortis en Asie en à peine un an et demi. Plus motivé que jamais à apparaître dans des productions de genre différentes, on le retrouve cette fois dans une comédie d’action burlesque et spectaculaire proche du cinéma muet qu’il affectionne tant. Mais est-ce pour autant un pur « Jackie Chan Movie » ?

Se passant durant l’invasion japonaise en Chine en 1941, Jackie Chan interprète le rôle d’un cheminot, leader d’un groupe de résistants qui vont devoir déjouer les plans de l’armée japonaise.

C’est la troisième collaboration (après Little Big Soldier et Police Story Lockdown) entre Jackie Chan et le réalisateur Ding Sheng. Ce dernier est sans aucun doute, l’un des meilleurs metteurs en scène du cinéma chinois actuel. Son sens du cadre et son amour pour les individus en bas de l’échelle social finissent toujours par créer des œuvres singulières qu’on aurait tort de sous-estimer.

Et Jackie Chan l’a bien compris au point de ne plus vouloir le lâcher. A la base, Railroad Tigers n’était pas prévu pour Jackie. Le film se concentrant essentiellement sur un groupe de braves pieds-nickelés, Ding Sheng avait en tête un casting composé de la nouvelle vague de comédiens chinois comme Wang Kai et Darren Wang (il réengagera les deux comédiens pour le remake du Syndicat du Crime de John Woo). Quand Jackie apprit que Ding Sheng s’attelait à un remake libre (comprendre plus cartoonesque et burlesque) du film chinois de 1956 appelé « Railroad Guerilla », il fit des pieds et des mains pour avoir un rôle dans le film. Quoi de plus normal de lui donner le rôle du leader. L’âge aidant…

Les premières images dévoilées évoquaient un classique instantané qui avait le potentiel de rejoindre des films cultes comme Il Etait une Fois la Révolution de Sergio Leone. Les producteurs parlaient même d’un film à la hauteur des classiques de Jackie Chan comme Drunken Master 2 et Le Marin des Mers de Chine.

Malheureusement, Railroad Tigers est loin de pouvoir rivaliser avec ces classiques. Sans pour autant être un mauvais film, le film souffre d’un cruel manque de rythme dû essentiellement à un scénario d’une structure assez pauvre. Sans compter que le montage chapitré et la présentation « stylé/BD » des personnages ne sert strictement à rien à part rendre le film faussement original. Il nous faudra attendre plus d’une heure pour voir réellement rugir les tigres du chemin de fer !

 

Ding Sheng prouve une nouvelle fois sa maîtrises de la composition du cadre (certains plans iconiques sont magnifiques). Mais ne sachant comment finir certaines scènes, il se perd dans un montage elliptique notamment durant une brouillonne première heure.

De plus, nous qui attendions un pur « Jackie Chan Movie », ce dernier laisse cruellement les moments de bravoure à la nouvelle génération d’acteurs, ce qui a, certes, le mérite de rester fidèle à la vision originel du projet. Néanmoins, il est impossible de ne pas remarquer que  Jackie fait ici le strict minimum quand il ne laisse tout simplement pas son fils, Jaycee Chan, faire le gros du travail !

Jaycee Chan ? mais que vient-il faire ici ? Annoncé nulle part, même pas présent sur les affiches, il a pourtant quasiment le second le rôle. S’il faut avouer que Jaycee s’en sort très bien, ce choix est assez surprenant et c’est certainement une volonté du père pour l’aider à se remettre sur pied après le scandale lié à son arrestation et ses six mois de prison pour détention de drogue en 2014. Cette découverte fit d’ailleurs scandale lors de la sortie du film car nombreux sont ceux qui ont été outrés de sa présence. Un scandale qui est certainement responsable de son succès soudainement stoppé à tout de même 100M$. Le film avait totalement les moyens d’aller encore plus haut.

Son casting étant hautement sympathique (Wang Kai en tête), on prend malgré tout plaisir à suivre ces troublions qui vont venir contre-carrer les plans de l’armée nippone emmenée par l’excellent acteur japonais Hiroyuki Ikeuchi et la kickeuse de Chinese Zodiac, Zoe Zhang Lanxin qui campe une japonaise déterminée à faire la peau à nos héros.

Bref pour un pur « One Man Show » de Jackie Chan, on repassera. Néanmoins, la direction artistique ultra soignée, ses sympathiques personnages, ses moments burlesques et ses effets spéciaux spectaculaires (et réussis ce qui est rare pour une production chinoise) aident à faire oublier que nous ne sommes pas devant un film de Jackie Chan, ni devant un classique instantané du cinéma chinois. Mais son manque de souffle évident finit par entamé cruellement l’enthousiasme. C’est d’autant plus regrettable que la comédie d’action est ambitieuse et l’intention hautement louable.

 

P.S : impossible d’évoquer le film sans parler de sa version française à la limite de l’injure concernant la voix de Jackie Chan. Généralement abandonné sur les productions asiatiques, Jackie Chan est le seul des acteurs du film à avoir droit à un ridicule accent chinois dans sa V.F (procédé déjà limite dans les productions US avec Jackie). Doublé par Guy Chapellier (Shanghai Kid 1 et 2, Le Tour du Monde en 80 Jours, Kung Fu Yoga…) – l’autre doublure voix de Jackie avec William Coryn (la trilogie Rush Hour, Police Story LockdownThe Foreigner…) – cette décision est d’autant plus incompréhensible sachant qu’on ne lui collait jamais d’accent sur ses productions chinoises. D’ailleurs aucun films asiatiques n’est doublé avec des accents en vf. On vous conseille fortement de le regarder en vostfr donc. Quant à AB VIDEO et Guy Chapellier, nous vous conseillons la prochaine fois de ne pas faire d’accent à Jackie et de lui faire une voix plus grave et adapté à son âge, 64 ans.

Merci à E.Inho pour sa précision auditive 😉

Les opinions exprimées dans cette critique ne concerne que son auteur et n’est en rien représentatif de l’ensemble des membres de Jackie Chan France.

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