[critique] VANGUARD de Stanley Tong (2020)

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Stanley Tong vient de taper le mot « fin » du scénario de Vanguard. Il s’empresse d’appeler son vieil ami Jackie Chan avec qui il a tourné Police Story 3: Supercop, Rumble in the Bronx, Contre-Attaque, The Myth et Kung Fu Yoga.

 

Stanley Tong : Allo ? Jackie ?

Jackie Chan : Hello Stanley !

S.T : Hello ma vielle branche. J’aimerai que tu sois dans mon nouveau film d’action que j’ai intitulé Vanguard ?

J.C : Je te préviens. Je fatigue. J’ai 66 ans.

S.T : t’inquiète. Je t’ai filé un rôle peinard.

J.C : c’est juste une apparition ?

S.T : pas vraiment. Tu es le leader d’une équipe de jeunot mais toi, tu ne fais pas grand-chose.

J.C : c’est la suite de Kung Fu Yoga ?

S.T : non, c’est plus comme Mission Impossible.

J.C : mais Tom Cruise, il assure sévère dans sa franchise.

S.T : oui mais là c’est les jeunots qui feront le job. Toi tu donnes les ordres et tu souries.

J.C : ok et ça raconte quoi alors.

S.T : tu es le leader d’un groupe de sécurité privé qui doit sauver son pote comptable qui a été capturé par un groupe de mercenaire afin que celui-ci donne les codes d’un mystérieux coffre.

J.C : Tu es sûr que ce n’est pas la suite de Kung Fu Yoga ?

S.T : non, ici on voyage à travers 5 continents, il y a des gadgets, un lion, des hyènes. Et j’ai même écrit une énorme course poursuite en voiture de luxe sur les routes de Dubaï.

J.C : mais c’est Kung Fu Yoga 2 !

S.T : non, fait moi confiance. On va cartonner. J’ai vraiment mis la barre très haute.

J.C : J’ai quand même l’impression que c’est la suite de Kung Fu Yoga.

S.T : non sur l’affiche, tu es au premier plan en costard comme James Bond avec un flingue.

J.C : mais je pensais que tu me proposais un second rôle.

S.T : oui mais pour les ventes internationales c’est mieux de faire croire que tu es le héros principal.

J.C : mais du coup, tu me proposes un rôle bien différent de ce que je fais d’habitude ?

S.T : oui

J.C : tu peux m’en dire plus ?

S.T : c’est complétement différent. Tu ne t’appelles plus Jackie. Mais Tang Huating.

J.C : et tu penses que ça suffit pour l’audience ?

S.T : oui. De toute manière quand c’est compliqué le public n’aime pas. Ils veulent des effets numériques à gogo. Des couleurs fluos. Et te voir entourer de jeunots. On va cartonner

J.C : c’est qui les membres de mon équipe ?

S.T : des jeunes acteurs pas chers qu’on va transformer en stars grâce à ta présence.

J.C : depuis 2012, on tente de faire émerger une nouvelle génération. Mais ça ne prend pas.

S.T : c’est parce que tu étais trop présent dans le film. Là, ils font tout à ta place en gardant tes caractéristiques qui ont fait ta gloire. Ils se battent, sautent de plusieurs mètres. Je tiens le bon concept. Crois-moi.

J.C : mais du coup, je ne sers vraiment à rien.

S.T : bah pas vraiment en fait. Mais tu es le chef.

J.C : et ton film il est censé parler de quoi ?

S.T : bah ça montre la puissance et l’expertise de la Chine en matière de technologies d’espionnage et de sécurité privée. Ton équipe est présent dans 5 continents !

J.C : Y a quoi comme technologie ?

S.T : des drones en forme de pigeons et un flyboard

J.C : le flyboard ? ce n’est pas un français qui l’a inventé ?

S.T : oui mais le grand public ne le connait pas alors je l’ai repris à mon compte.

J.C : d’accord. Ça sent quand même le réchauffer ton truc

S.T : Tu rigoles. Je me suis inspiré de tout ce qui marche le plus actuellement dans le monde et en Chine. J’ai mixé Fast & Furious, Mission Impossible, Operation Red Sea et Wolf Warrior 2.

J.C : tu es un vrai filou en fait.

S.T : bah vu que je ne peux plus compter sur tes capacités athlétiques. Je suis obligé d’user de CGI. Et en plus, c’est plus facile et rapide sur le tournage. Et ça m’évite d’attendre 4 semaines que tu te remettes d’une fracture ou d’avoir des mises en place trop longue.

J.C : bon, je te préviens. Je ferais peu de promo.

S.T : écoute. Laisse-toi porter. Fait confiance à tonton Stanley. Au pire, pour la promo, on dit que tu as failli mourir durant une scène. J’ai déjà tout prévu. Tu tombes à l’eau d’un jet ski. Et on grossit le truc. Je me mets à pleurer et tout. Ça fera le buzz.

J.C : ce n’est pas à l’équipe marketing de penser ça ? tu ne devrais pas plutôt me parler de la narration ? de la mise en scène ?

S.T : non je préfère tout penser en amont.

J.C : bon, envoi moi le scénario. Et je te donne une réponse dans la semaine.

S.T : j’ai déjà dit aux investisseurs que tu es la star principale.

J.C : à chaque fois tu me fais le coup !

S.T : allez Jackie, on est pote.

J.C : c’est vrai.

S.T : j’ai déjà écrit la suite. Je compte en faire une énorme franchise

J.C : j’aimerai quand même faire autre chose.

S.T : entre les deux, je t’ai prévu un film de chasse aux trésors.

J.C : Kung Fu Yoga 2 ?

S.T : non mais j’ai prévu de tourner sur plusieurs continents, y aura plein de gadgets, des animaux sauvages et une course poursuite en voiture de luxe, des CGI à gogo. Et des jeunots au casting.

J.C : bah c’est la suite de Vanguard ?

S.T : ah ! vu sous cet angle…

 

Vanguard (2020) de Stanley Tong avec Jackie Chan, Yang Yang, Alan Ai, Mu Qimyia, Jackson Lou.
Disponible le 15 mars exclusivement sur Amazon Prime Video

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette critique ne concerne que son auteur et n’est en rien représentatif de l’ensemble des membres de Jackie Chan France.

Tirry

Rédacteur en Chef. Amoureux du cinéma asiatique notamment chinois/HK. Certifié fan de Jackie Chan depuis ses 11 ans.

2 Comments
  • Newkolby

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    Tu as fait ma soirée.
    C’est aussi catastrophique que ça ?

  • dragonheart

    Répondre

    Et pourtant la conception de Vanguard est la même que celle de Contre-Attaque qui est un James Bond asiatique. L’intro en ski et le final sous l’eau sont très caractéristiques des 007, sans parler de l’intrigue avec bombe atomique et méchants russes.

    Vanguard, lui, lorgne sur Mission Impossible, Fast & Furious et sans doute les deux autres films cités que je n’ai pas vu.

    Pourquoi Contre-Attaque fonctionne et pas Vanguard ?

    De ce que j’ai vu (partie à Dubai non visionnée), Vanguard amplifie les défauts déjà existants dans Contre-Attaque et dans les films internationaux de Jackie en général : l’intrigue est encore plus mince, les références mal recyclées et les acteurs mauvais comme d’hab.

    Les CGI gâchent l’action, qui paraît en plus confuse. Pourtant la caméra n’est pas instable comme chez Bay ou Greengrass. C’est plus une question de montage et de réalisation sans idées. Tout le monde tire sur tout le monde, c’est bordélique, vide, stérile et indigeste comme une sucrerie bien chimique et écoeurante qu’on a du mal à finir. C’est pareil pour les dialogues : les personnages n’ont rien à se dire et on coupe court avec un fondu noir pour passer à autre chose. A l’inverse, l’action de Contre-Attaque semble, elle, mieux pensée en amont, plus précise et plus fluide.

    Concernant les jeunes, je ne suis pas contre des seconds rôles présents mais Jackie doit rester l’élément central. Comme Tom Cruise dans Mission Impossible. Mais c’est beaucoup plus finement écrit : même Renner, qui est bon, reste derrière la star Cruise.

    Si je devais retenir quelques bons points dans Vanguard : de vrais méchants, c’est coloré, dépaysant et un peu plus offensif. Enfin, il y a beaucoup d’action, ce qui aide à rester éveillé.

    Je le reverrai le 15 en VF pour suivre un peu mieux l’histoire.

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