[PREVIEW] Que doit-on attendre de RAILROAD TIGERS ?

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C’est le 26 avril 2015 lors du Far East Film Festival de Udine en Italie, que nous avons appris l’existence du projet RAILROAD TIGERS. A l’époque, Jackie Chan croulait sous les projets et sortait du décevant Dragon Blade et du tournage calamiteux de Skiptrace. 2014 ne fut pas une belle année comme le fit remarquer Jackie Chan après l’accident mortel du caméraman Chan Kwok-Hun sur le tournage de ce dernier en décembre 2014. 2015 s’annonçait sous de meilleurs auspices, avec parmi eux, la troisième collaboration entre Jackie Chan et le réalisateur Ding Sheng.

Ding Sheng, c’est ce surdoué, hautement visuel, au sens inné du cadre à qui l’on doit Little Big Soldier en 2010. LE film qui a permis à Jackie d’assumer un peu plus son âge dans des productions d’envergure après une décennie passée à reconquérir pour le meilleur (New Police Story) et pour le pire (The Myth) une partie de son public qui l’avait quitté après une période d’errance dans des films hollywoodiens plutôt médiocres.
Ainsi, Ding Sheng, dont Little Big Soldier était la deuxième réalisation après Underdog Knight (jamais sortie en France) en 2008, réussit de manière forte et singulière d’imposer la superstar internationale dans un film en costumes teinté de comédie noire et d’onirisme mélancolique. Allégorie sur la futilité de la guerre et l’utilité de se battre (ou l’inverse), il y a dans les films de Ding Sheng, toujours la même obsession pour des parias et autres loosers mais dont l’ingéniosité n’ont d’égale que leur capacité à survivre dans un environnement qui leur est hostile. Dans sa première réalisation, l’acteur Liu Ye (Police Story Lockdown) interprétait un ex-militaire simple d’esprit devenu garde du corps pour le compte d’un riche collectionneur avant qu’il ne s’aperçoive qu’il a été manipulé. Tous les films de Ding Sheng s’intéresseront à ce même genre de personnages. Dans Little Big Soldier, Jackie Chan interprète un soldat couard qui saisit l’opportunité de capturer un jeune général blessé afin de toucher une récompense et ainsi espérer passer pour ce qu’il n’est pas ! Dans Police Story Lockdown, deuxième collaboration entre Ding Sheng et Jackie Chan, ce dernier interprète un policier éreinté, à la vie familiale désastreuse car plus soucieux de son travail que de sa famille. Un drame policier efficace qui n’a d’erreur que son titre et sa volonté de l’inscrire dans la saga des Police Story. En 2015 avec Saving Mr Wu, Ding Sheng s’intéresse à l’histoire vraie d’une bande de parias spécialisés dans les kidnappings de riches businessmen. Ils toucheront « le jackpot » quand ils s’attaqueront à une star de Hong-Kong (interprété par Andy Lau).

Quoi de plus naturel pour Ding Sheng (il est le scénariste de tous ses films) que de s’intéresser à une bande de pieds nickelés, résistants faisant face à l’invasion japonaise en Chine durant la seconde guerre mondiale. Jackie Chan ne cache pas qu’il était fan des productions de la Chine continentale des années 50 et 60, parmi eux, il retiendra surtout Le Détachement Féminin Rouge (1961) et The White-Haired Girl (1950), deux classiques de la révolution chinoises, ce qui peut expliquer l’intérêt qu’il a éprouvé à interpréter le personnage principal de Railroad Tigers remake libre du film chinois de 1956, intitulé «Railroad Guerilla ». Avant même le tournage, le réalisateur parlait déjà de sa volonté de livrer une comédie spectaculaire aux influences visuelles très bande dessiné. De leur côté, les producteurs (Ren Zhonglun, Tianyun Wang et Yuan Xiaomin) promettaient une comédie d’actions digne des classiques de Jackie Chan en citant Le Marin des Mers de Chine et Drunken Master 2, de quoi définitivement faire baver les fans.

Avec un budget de 50M$, c’est le 16 octobre 2015 que le tournage a commencé dans la région de Diaobingshan. Pour les besoins du film, l’équipe a utilisé une véritable locomotive à vapeur qu’ils ont donc déplacée au Nord-Est de la Chine où la température peut atteindre -20 degrés. Sur une durée de trois petits mois, l’ensemble de l’équipe de tournage était composé de plus de 1000 personnes. Ils ont également reconstruit une gare, sans compter les sabotages de ponts et autres situations explosives. Pour créer des effets visuels spectaculaires, deux gigantesques ventilateurs ont été utilisés en direction des acteurs pour mimer la sensation de vitesse faisant bouger cheveux et foulards comme s’ils voyageaient très vite. Mais en réalité, ils se déplaçaient à environ 35 km/h. A ce sujet, Jackie Chan déclare: « Je suis monté sur le toit du train durant une chute de neige, j’ai eu l’impression d’être allongé sur un énorme morceau de glace. Peu importe où vous tombez (pour les scènes d’actions), c’était terriblement douloureux ».

Si on devine que le froid a été le plus gros problème pour les comédiens, la production semble avoir préféré recourir aux effets numériques délaissant les explosions authentiques d’un cinéma qui semble désormais révolu, hélas. C’est la seule fausse note que l’on peut craindre car les premières images dévoilées à travers les bandes annonces ne trompent pas. Le film sera coloré, hautement ludique et très spectaculaire. On y découvre le groupe dont chaque membre semble avoir sa spécialité (voleur, artificier, tireur d’élite…). Tels des Robins des Bois du dimanche, Jackie Chan et sa bande composée essentiellement de jeunes pousses comme le chanteur au look androgyne Huang Zitao, ex-membre du groupe de K-pop EXO ou encore les comédiens Wang Kai et Darren Wang, s’attaqueront à un train de l’armée japonaise afin de saboter leurs plans et d’y voler des vivres pour le peuple chinois affamé.

Les images aperçues renvoient ainsi à des classiques tels que Il Etait Une Fois La Révolution de Sergio Leone où l’on voyait James Coburn camper un Irlandais, spécialiste en explosifs pour le compte de l’IRA et dont le leader des « Tigres » Ma Yuan, le personnage de Jackie Chan, semble arboré le même accoutrement (la gabardine en moins) avec bandana, chapeau et lunettes d’aviateurs. Une influence qui ne trompe pas quand on sait qu’en 1986 dans le film au titre français très évocateur Mister Dynamite, Jackie Chan avait pris la même pose menaçante que James Coburn dans le film culte de Sergio Leone ! Les influences ne s’arrêtent pas là, on pense au génial film de Sammo Hung, Shanghai Express qui aurait croisé Le Mécano de la Générale de Buster Keaton dont le génie burlesque n’a jamais cessé d’influencer son digne héritier.


Dire qu’on attend énormément du film est un euphémisme. Ding Sheng pourrait ainsi livrer 123 minutes (c’est le minutage officiel) frénétiques, ludiques et spectaculaires et à la fois hisser le film comme le meilleur Jackie Chan depuis la dernière décennie mais aussi l’un des classiques du nouveau cinéma chinois.

Le 23 décembre prochain, Jackie Chan risque fort pour la deuxième fois cette année (En juillet dernier, Skiptrace est devenu le plus gros succès de Jackie en Chine avec 130M$ de recette) de dynamiter le box-office chinois. Railroad Tigers aura alors un tout petit mois pour établir un nouveau record avant que Kung-Fu Yoga, la comédie d’action et d’aventure de Stanley Tong, vienne remettre ça le 28 janvier 2017, pile poil pour le nouvel an chinois. Une vraie locomotive le Jackie !

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