[critique] A LEGEND de Stanley Tong (2024)

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Après le navet Vanguard en 2020 et la farce Kung Fu Yoga trois ans plutôt, le dernier film de Stanley Tong était l’occasion pour le réalisateur de faire amende honorable aux fans de Jackie Chan en livrant un hommage à The Myth, véritable succès en Chine lors de sa sortie en 2005.

19 ans après, cette fausse suite s’est annoncée comme augmentée, notamment avec l’utilisation de l’IA afin de reproduire à l’écran un Jackie Chan d’une trentaine d’années. En l’état, A Legend démontre une nouvelle fois que Stanley Tong n’est pas grand-chose sans la performance physique et la prestance de Jackie Chan.

Si les premiers échos des fans nous laissaient espérer un retour aux sources. De mon côté, je peux affirmer qu’il ne s’agit en rien d’un « Jackie Chan Movie ». À aucun moment, vous n’aurez l’impression de regarder un film « avec » Jackie Chan, et encore moins de vous trouvez devant une aventure digne des précédentes œuvres de la superstar. The Myth et Dragon Blade inclus.

Pire, il y a dans A Legend comme une volonté délibérée de la part de Stanley Tong de gommer Jackie Chan. Il l’avait déjà fait dans Vanguard où Chan n’était qu’un leader effacé d’un groupe de jeunes inconsistants. Dans A Legend, il reproduit exactement la même chose. Dans les scènes du présent, il est pénible de voir la légende du cinéma d’action dissous dans un groupe. Il n’est même pas un élément comique, ici cédé à l’actrice débutante Peng Xiaoran. Il est cantonné au strict minimum dans le rôle d’un professeur en archéologie apportant savoir et sagesse d’esprit à ses élèves.

La majeure partie du film se déroule dans le passé et, comme vous vous en doutez, l’acteur qui joue le général Zhao Zhan n’est pas Jackie Chan. Le visage du jeune cascadeur a juste été modifié par IA afin de le remplacer par celui d’un Jackie Chan beaucoup plus jeune. Si les premières images étaient bluffantes, car courtes et des plus basiques, sur la longueur, le résultat est pour le moins très déroutant. Le visage rajeuni de Jackie Chan est inexpressif, rigide et souvent différent d’une scène à l’autre, donnant l’impression d’assister à un croisement entre Jackie Chan et Aaron Kwok. On atteint carrément la laideur durant une scène majeure du film qui nous fait perdre instantanément le lien émotionnel. Zhao Zhan ressemble à un androïde qui semble ne rien capter aux situations dans lesquelles il se trouve. C’est un véritable cas d’école, mais surtout digne d’un cinéaste amateur qui se serait cru malin d’utiliser une simple application mobile ! Bref, l’IA était une fausse bonne idée tant la technique est absolument ratée ici. Une erreur qui coûte très cher au film tant l’action dans le passé est présente.

De plus, Stanley Tong ne semble pas avoir pris conscience des défauts de The Myth. Pire encore que ce dernier, A Legend manque cruellement d’aventure et d’exploration. Comme le laissaient présager les différentes bandes annonces, son aspect est inexistant tant il est facile pour le groupe d’accéder au Temple de glace. Toujours durant les scènes du présent, le spectateur aura droit en plus à des séquences malaisantes d’une niaiserie confondante censée plaire à la jeunesse en fleur. Écrit par Stanley Tong, on dirait le premier jet d’un scénario qui n’a été lu par personne.

Il faudra attendre les 15 dernières minutes pour voir Jackie Chan en personne se battre dans le style qu’on lui connait, et il faut dire que pour un homme de 69 ans sur le tournage, il démontre une volonté et une vitalité qui force le respect. De ce côté-là, son ami Sammo Hung ne se trompe pas. Jackie Chan est bel et bien celui qui a le mieux vieilli des cascadeurs de la grande époque du cinéma HK. Malgré son corps tout cassé et avec un peu plus d’entrainement, il n’est pas irréaliste de penser qu’il pourrait faire un dernier baroud d’honneur le temps d’un film d’arts martiaux. Encore faut-il qu’il le désire. Car ici, la proposition fait plaisir, mais elle reste peu généreuse avec ses cinq petites minutes au compteur.

Ce n’est pas tant le fait que Jackie Chan accepte des seconds rôles qui dérange. Al Pacino et Robert De Niro font régulièrement ça depuis plus de 10 ans maintenant. C’est la méthode qui consiste à le vendre comme vedette principale qui exaspère.

Outre ces cinq minutes, il y a tout de même des choses à sauver dans A Legend. D’abord, sa photographie signée Lee Chi-Wah, l’opérateur caméra connu pour son travail sur Les Trois Royaumes de John Woo et The Grandmaster de Wong Kar-Wai, a déjà officié en tant que directeur de la photographie sur Vanguard. Et il faut bien admettre qu’il a su parfaitement capter les impressionnants paysages du Xinjiang, ainsi que les nombreux combats durant les séquences du passé, notamment la scène de bataille qui voit des milliers de figurants et de chevaux avancer sur les gigantesques pâturages de la Chine de l’Ouest. Il faut bien avouer que voir cette colossale masse mouvante fait son petit effet. Pour le coup, Stanley Tong a pris la bonne décision en refusant l’utilisation d’effets numériques. C’est impressionnant et très certainement le clou du spectacle.

La musique orchestrale de Nathan Wang est également un élément positif du film. Les premières notes de la chanson Endless Love (B.O. de The Myth) ne manqueront pas de réveiller la fibre nostalgique des fans du premier film.

Sans être exceptionnelle, la chorégraphie des combats durant les scènes du passé est très bien exécutée dans un style « old school » typique du genre wu xia. Mention spéciale aux comédiens Zhang Yixing et Guli Nazha dont on peut ressentir l’abnégation à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Exit le rôle de « pot de fleur » de la princesse incarné par Kim Hee-Sun dans The Myth. La nouvelle princesse, incarnée par la mannequin et actrice Guli Nazha, est clairement active de son destin. On pourra également apprécier le personnage de l’archer interprété par la superstar de la C-Pop dont l’amour pour la princesse ne peut être déclaré en raison de sa fidélité pour le général Zhao Zhan. Le film ne manque d’ailleurs pas de séquences héroïques, même si les plus habitués de ce genre de films pourront les trouver trop « trop naïves » dans l’écriture.

A Legend ressemble à une docu-fiction sans expertise historique pour la chaine History. Mais son apparente sincérité lors des séquences en costumes d’époque lui évite de justesse le qualitatif de navet. Au final, le film de Stanley Tong est banalement raté et on regrette amèrement l’absence de Jackie Chan, dont l’affiche nous vend pourtant sa présence comme étant principale. Rien d’étonnant que Stanley Tong ait été traité d’escroc par certains spectateurs du film sur les réseaux sociaux. Que ce soit par l’utilisation des jeunes comédiens ou par l’IA, Stanley Tong s’entête avec sa formule pour le moins cynique à dissoudre son ancienne vedette dans des films d’actions insipides. Cachez ce vieux qu’on ne saurait voir…

4 Comments
  • dragonheart

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    Donc si je comprends bien, Jackie est finalement peu présent à l’écran, la star c’est plutôt sa version rajeunie, c’est bien ça ? Les combines de Stanley pour masquer l’âge de Jackie en deviennent comiques.

    A legend et The Myth, ce sont des projets trop ambitieux pour Stanley, qui se prend pour Ang Lee sans avoir la sensibilité et la fibre artistique nécessaires. Ce qui est plus surprenant, c’est que Kung Fu Yoga et Vanguard, pourtant à la portée de Stanley, soient complètement ratés.

    Tout le monde est responsable : Jackie qui dit oui à tout sans réfléchir et qui abandonne l’action pure, Stanley qui manque de talent et d’honnêteté, le producteur qui fanfaronne sur l’IA, personne pour dire que c’est foireux ou pour exiger des réécritures alors que les lacunes sont tout de même évidentes, grossières. Le système autour me semble défaillant. On le voit bien avec les problèmes récurrents de narration et de flashbacks qui ne concernent pas seulement les films de Jackie.

    Peut-être que A legend sera l’échec de trop qui éloignera Jackie et Stanley, au moins pendant un temps. Maintenant Panda Plan arrive, tout aussi flippant de nullité. Le poster fait très Kung Fu nanny animalier, pas la folie comique/action que l’on espérait.

    • Tirry

      la star c’est plutôt sa version rajeunie, c’est bien ça ?

      C’est ça avec Zhang Yixing et Nazha également.

      Tout le monde est responsable

      Totalement. Clairement un manque de professionnalisme. Mais qu’on le veuille ou non. Celui qui signe c’est Stanley Tong. Tout le monde est derrière lui que ce soit pour l’argent ou par confiance. Ou les deux.

      Panda Plan arrive, tout aussi flippant de nullité. Le poster fait très Kung Fu nanny animalier

      Bah c’est clairement un film pour enfant avec ces mercenaires neuneux et son petit panda mignon. Faudra juste passer son tour pour les adultes sans enfant qui logiquement sont moins intéressés. Ce n’est clairement pas un spectacle pour jeune adulte ou adulte tout court.

  • Newkolby

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    On m’en dira tant mais je reste convaincu qu’on aura plus rien de concluant niveau exclusivité. Même les suite de ses films connu me font peur…

    • Tirry

      Ça dépend des réals, des scripts, des castings…

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