Retour sur Twin Dragons, le film emblématique de l’âge d’or du Cinéma de Hong-Kong

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Le 15 janvier 1992, Twin Dragons débarquait dans les salles de cinéma de Hong-Kong à l’occasion des sorties du Nouvel An chinois. 30 ans après, Twin Dragons reste l’une des meilleurs comédies d’actions HK de l’histoire. Outre des combats homériques chorégraphiés entre autres par Yuen Woo-Ping, Tsui Siu-Ming et Jackie Chan et le double emploi de ce dernier dans deux rôles antagonistes, ce qui frappe avant tout est la pléiade d’artistes de Hong-Kong qui apparait à l’écran dont une cinquantaine de réalisateurs de Hong-Kong.

Réalisé à deux mains par Tsui Hark et Ringo Lam avec un scénario signé Joe Cheung et du prolifique Barry Wong (qui décèdera une quinzaine de jour avant la sortie du film), Twin Dragons avait été tourné afin de collecter des fonds pour la Guilde des Réalisateurs de Hong-Kong. Ainsi chaque membre de l’association a fait une apparition.

Cette Guilde a été fondée en 1989 par John Woo, David Chiang, Teddy Robin-Kwan, John Shum (acteur comique mais également producteur émérite de Hong-Kong 1941, An Autumn’s Tale, People’s Hero, Roboforce, My Heart is That Eternal Rose), Koon-Chung Chan (scénariste de Shanghai Blues) et Ng See-Yuen qui occupa le poste de President. A cette époque, la guilde comptait moins de 100 membres. Des réalisateurs comme Wong Kar-Wai et Johnnie To n’étaient pas encore membre ce qui peut expliquer leur absence aux génériques. Jackie Chan a par la suite occupé la place de Président entre 1993 et 1996 avant de ceder sa place à Joe Cheung. L’actuelle Présidente est Mabel Cheung.

Twin Dragons rapportera 33MHK$ lors de sa sortie, ce qui restera le plus haut score de la filmographie de Tsui Hark et celle de Ringo Lam dans l’ex-colonie britannique. Si les rôles principaux sont interprétés par Jackie Chan, Teddy Robin-Kwan et les sublimes Maggie Cheung et la miss Hong-Kong 1986, Nina Li-Chi (et accessoirement la femme de Jet Li), le reste du casting est un festival d’apparitions.

 

Ci-dessous, on fait le point en image des différentes personnalités de l’industrie du cinéma de Hong-Kong présentent dans Twin Dragons :

ANN HUI

Twin Dragons s’ouvre sur les deux bébés jumeaux dans leurs couffins à l’hôpital. Puis une infirmière et une doctoresse prennent les bébés dans les bras pour les emmener à leurs parents. En incarnant furtivement la doctoresse, la célèbre réalisatrice Ann Hui ouvre le bal des apparitions. Ann Hui est considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs de la nouvelle vague hongkongaise. Parmi ses films les plus notables, on notera sa trilogie sur la situation des immigrants vietnamiens après la guerre du Vietnam composée du téléfilm Boy From Vietnam (1978), Story of Woo Viet (1981) et Boat People (1982) (NDR, la trilogie est disponible chez l’éditeur Spectrum Films). A travers ses films, elle se passionne surtout pour les questions sociales. On citera également Song of Exile (1990) avec Maggie Cheung et Waise Lee, Summer Snow (1995) avec Josephine Siao et Roy Chao et The Stunt Woman (1996) avec Michelle Yeoh aux côtés de Sammo Hung et Ken Lo. On notera également le drame July Rhapsody (2002) qui marque le dernier film de la regretté Anita Mui. Toujours en activité, Ann Hui a signé en 2020 le drame Love After Love avec Eddie Peng et Sandra Ma, ainsi qu’un segment de l’anthologie Septet : The Story of Hong-Kong.

JAMES WONG ET SYLVIA CHANG

C’est James Wong et Sylvia Chang qui jouent les parents des deux frères jumeaux.  Décédé le 24 novembre 2004, James Wong était un comédien de second rôle assez présent dans l’industrie du cinéma mais il était surtout connu pour être un compositeur de génie. On lui doit notamment les musiques de Peking Opera Blues, Histoire de Fantôme Chinois, Il Était une Fois en Chine, The Swordman, Crime Story, Green Snake et The Lovers. Il a également signé les paroles des chansons titres comme celle de The Killer chanté par Sally Yeh, « Love of the Past » chanté par Leslie Cheung pour Le Syndicat du Crime 2 ou encore celles de Police Story 1 et 2, intitulées respectivement « Hero Story » et « I Need » chantées par Jackie Chan. Sylvia Chang est une actrice, scénariste et réalisatrice bien connue. Elle est crédité dans plus de 100 films et vient de signer sa 16e réalisation avec le segment « Her » pour l’anthologie China Hong-Kong Story.

FEI PAK

Il n’est pas réalisateur, ni une vedette pourtant ce figurant bien connu de l’industrie du cinéma de Hong-Kong pourrait être qualifié du « flic du cinéma de Hong-Kong ». Crédité dans 137 films HK, il n’a cessé d’apparaitre en policier. On peut le voir ainsi dans First Mission (1985), City on Fire (1987), Dragons Forever (1988), As Tears Go By (1988), Tiger Cage (1988), Une Balle dans la Tête (1990), A Moment of Romance (1990), Lee Rock (1991), The Untold Story (1993), Organized Crime and Triad Bureau (1994), Big Bullet (1996). Sa dernière apparition date de 2002 dans The Conman (2002), une « comédie gambling » produit par Wong Jing.

DAVID CHIANG

Fidèle à ses rôles de « chevalier blanc », David Chiang apparait dès les premières minutes du film sous les traits d’un policier téméraire à la poursuite de son prisonnier (incarné par le cinéaste Kirk Wong) en pleine tentative d’évasion. Il réapparaitra occasionnellement sous les traits du garde du corps du chef d’orchestre Ma lors des séquences à l’hotel et du mariage à la toute fin du film. David Chiang était une vedette de la Shaw Brothers. Il apparaissait souvent aux côtés de Ti Lung (Le Syndicat du Crime, Drunken Master 2) où ils formèrent le « duo mortel » du cinéma de Hong-Kong au début des années 70. Collaborateur récurrent de Chang Cheh, on se souvient surtout de lui dans La Rage du Tigre (1971), dernier film de la trilogie du Sabreur Manchot.

KIRK WONG

C’est le big boss de la pègre dans Twin Dragons. Cinéaste bien connu de l’âge d’or du cinéma de Hong-Kong, il fait parti de la nouvelle vague hongkongaise au même titre que John Woo, Tsui Hark ou Ann Hui. Réalisateur de Crime Story (1993), l’un des meilleurs films de Jackie Chan, son style viscéral se remarque également dans les cultes Gunmen (1998), Organized Crime and Triad Bureau (1994) et Rock’n’Roll Cop (1994).

MABEL CHEUNG

Avec beaucoup de dérision, la réalisatrice Mabel Cheung apparait au tout début du film dans la peau d’une nana alcoolisée qui trouve bébé Boomer perdu dans un parc après la cavalcade à la maternité. Mabel Cheung est une cinéaste bien connue du cinéma de Hong-Kong. On lui doit les films An Autumn’s Tale (1987) avec Chow Yun-Fat, The Soong Sisters (1997) avec Maggie Cheung, Vivian Wu et Michelle Yeoh, City of Glass (1998) avec Hsu Qi et Leon Lai ainsi que le documentaire Traces of a Dragon: Jackie Chan & His Lost Family sorti en 2003 et le film sur les parents de Jackie Chan : A tale of Three Cities (2015) avec Lau Ching-Wan et Tang Wei. Elle a également signé le scénario de Painted Faces (1988) de feu Alex Law son mari qui retrace l’histoire de l’Opéra de Pékin de Hong-Kong dirigé par Maître Yu dont Jackie Chan, Sammo Hung et Yuen Biao étaient les élèves.

EDDIE FONG, ANNETTE SHEN, TERRY TONG, CALVIN POON

Quatre cinéastes de Hong-Kong apparaissent dans la courte scène de l’avion en direction des Etats-Unis où les parents des jumeaux pleurent la perte de l’un d’eux. Ils sont alors consolé par Eddie Fong, Annette Shen, Terry Tong et Calvin Poon. Réalisateur de quatre films, Eddie Fong est surtout devenu le collaborateur et scénariste de la réalisatrice Clara Law. Annette Shen, quant elle, a eu une carrière très discrete. Sur onze réalisations, Terry Tong est notable pour son premier film, le polar Coolie Killer (1982) écrit entre autres par Eddie Fong et produit par Annette Shen. Enfin, Calvin Poon a été peu prolifique en tant que réalisateur, il se concentrera surtout sur une carrière discrète en tant que comédien. Pour l’anecdote, il a écrit les paroles de la jolie chanson qui ferme  First Mission (1985) intitulé « Who Could Be Dependent » chanté par Julie Sue et pour laquelle il remportera le prix de la meilleure chanson aux HK Film Awards (avec Violet Lam la compositrice). Malheureusement, la version française du film n’a que l’instrumental. Calvin Poon a également écrit les paroles de « Midnight Rider » chanté par Alan Tam, que l’on entend dans Mister Dynamite (1986) lors de la séquence du défilé de mode.

RAYMOND LEE

Cinéaste peu prolifique (ce qui était rare durant les années 80 et 90), Raymond Lee apparait furtivement en vendeur de saucisse dans une cantine de rue lors d’une altercation entre Boomer et un gang. Raymond Lee est surtout connu pour avoir réalisé aux cotés de Ching Siu-Tung des films d’arts martiaux tels que The Swordsman (avec King Hu également), New Dragon Inn (avec Tsui Hark également) et Swordsman III : The East is Red.

ANDREW LAU, PETER CHAN, ANDY CHIN, ANGELA MAK, LEE CHI-NGAI, O SING-PUI

Outre James Wong, Sylvia Chang et Jackie Chan, la courte scène d’anniversaire de Ma montre une bande d’amis composée de six réalisateurs de Hong-Kong : on reconnait Andrew Lau, le célèbre réalisateur de The Stormriders (1998) et de la trilogie Infernal Affairs initiée en 2002. Il a signé dernièrement le film de catastrophe aérienne The Captain (2019). On reconnait également Peter Chan, réalisateur populaire de He’s a Woman, She’s a Man (1994), Comrades: Almost a Love Story (1996) ou encore Les Seigneurs de la Guerre (2007) avec Jet Li, Takeshi Kaneshiro et Andy Lau. Il a signé dernièrement le film Leap (2020) avec Gong Li et Huang Bo sur les volleyeuses de l’équipe olympique chinoise. On reconnait aussi Andy Chin, un réalisateur moins connu outre atlantique. On lui doit notamment la comédie dramatique et sportive Victory (1994) avec Carman Lee et la romance How Deep is Your Love (1994) avec Wu Chien-Lien, Charlie Yeung et Max Mok. Une réalisatrice peu connu apparait également dans cette courte scène, il s’agit d’Angela Mak. Cinéaste discrète qui n’aura signé que trois films, tous mineurs, entre 1983 et 1986. Tout aussi discret, Lee Chi-Ngai, le scénariste et collaborateur de Peter Chan et le réalisateur mais surtout directeur de la photographie (notamment sur Made in Hong-Kong) O Sing-Pui, font partie des invités.

CLARA LAW

Réalisatrice bien connu du cinéma indépendant de Hong-Kong, Clara Law apparait dans une courte scène lorsque Boomer accompagné de son acolyte Tyson, se rend sur la tombe de sa mère adoptive. Parmi ces plus grande réussite, on notera Farewell China (1990) avec Tony Leung Ka-Fai et Maggie Cheung et Autumn Moon (1992). Toujours en activité, elle a signé l’année dernière le drame Drifting Petals.

ALFRED CHEUNG

Alfred Cheung offre une prestation hilarante (merci la VF) du boss Yung. Il apparait au moment où Barbara (Maggie Cheung) chante exclusivement pour le gang. Comédien de second rôle très présent dans les films de Hong-Kong, Alfred Cheung est également un cinéaste très prolifique mais néanmoins mineur au sein de l’industrie. On lui doit cependant la comédie All’s Well, Ends Well 1997 avec Stephen Chow, la co-réalisation avec Clifton Ko et Joe Cheung, avec la comédie The Banquet (qui possède lui aussi une pléiade d’apparitions de stars hongkongaises) et surtout On the Run (1988), le polar culte, très sombre et nihiliste avec Yuen Biao.

JOHNNY WANG

Dans Twin Dragons, Johnny Wang interprète Wai, un homme de main très coriace. Il est un artiste martial connu pour avoir joué dans plus de 90 films. Il est également le réalisateur d’une dizaine de films d’actions très violent comme City Warriors (1988), Fury (1988), Angry Anger (1991). Certains sont notamment classés dans la célèbre catégorie CAT-III comme Hong-Kong Godfather (1985), Bloody Brotherhood (1989) et Escape from Brothel (1992) sa dernière réalisation.

GUY LAI

Aux côtés de l’attitude bad ass de Johnny Wang, il interprète Tao, un conseiller plutôt couard du boss Yung. Guy Lai est surtout connu pour être apparu dans une vingtaine de films HK pour la plus part des comédies comme Mad Mission (1982) et Sixty Million Dollar Man (1995) avec Stephen Chow. Il est également producteur d’une quinzaine de films mineurs ainsi que le réalisateur de six films sortis entre 1984 et 1991 dont plus de la moitié sont des comédies.

FRANCIS SUNG

Sous les traits du chauffeur personnel de Ma, Francis Sung est un réalisateur de quelques comédies HK dont Its Mad Mad Mad World Too (1992) co-réalisé avec Clifton Ko dont la vedette est le sympathique et regretté Bill Tung bien connu pour avoir été l’oncle de Jackie dans ses films des années 80 et 90.

ANTHONY CHAN

Visage bien connu du cinéma de Hong-Kong notamment des films de Jackie Chan période 80s et 90s, Anthony Chan apparait dans Twin Dragons dans le rôle du concierge d’un hôtel de luxe. Outre ses multiples apparitions, Anthony Chan est un cinéaste d’une dizaine de comédies mineurs se mettant en scène avec son ami cinéaste Alfred Cheung. On citera surtout When Fortunes Smile avec Stephen Chow et Hero of the Beggars avec Michael Hui qui sortiront respectivement en 1990 et 1992. Anthony Chan reviendra à la réalisation en 2018 avec House of Rising Sons, soit 26 ans après son dernier film. Il s’agit d’un biopic musical sur le groupe de rock HK des 70’s, The Wynners pour lequel il était le batteur.

PHILIP CHAN

Autre visage bien connu du cinéma de Hong-Kong, il interprète le directeur de l’hotel de luxe. Philip Chan était un ex-inspecteur de la police de Hong-Kong. Il fait ses débuts au cinéma en 1976 en signant le scénario du polar Jumping Ash (1976) réalisé par Po-Chi Leong (Hong-Kong 1941) et la célèbre actrice Josephine Siao dont ça sera la seule réalisation. La suite on la connait. Philip Chan apparait notamment dans plusieurs autres Jackie Chan : Le Gagnant (1983), Le Flic de Hong-Kong 2 (1985) et Police Story 3 : Supercop (1992) et deux Jean-Claude Van Damme : Bloodsport (1988) et Double Impact (1991). A noter sa présence dans le culte A Toute Epreuve (1992) de John Woo. Il a également signé une dizaine de réalisation mineur entre 1979 et 1990.

CHOR YUEN

Visage bien connu de la filmographie de Jackie Chan notamment pour son rôle du parrain de la mafia Chu Tao dans Police Story (1985). Dans Twin Dragons, il joue le père de la douce et naïve bourgeoise Tong Sum (Nina Li-Chi) qui la pousse à se mettre avec le chef d’orchestre Ma. Avant d’être comédien, Chor Yuen est un réalisateur à l’immense filmographie qui compte pas moins de 125 films. Une carrière de réalisateur qui a commencé à la fin des 50’s jusqu’à son dernier film en 1990 avec Blood Stained Tradewind (1990), un polar violent avec Waise Lee (Une Balle dans la Tête) et Alex Fong (Lifeline et le déchirant Till Death Do Us Part). Chor Yuen est décédé le 22 février 2022.

DENNIS CHAN

Si Dennis Chan est crédité dans plus de 80 films, il est surtout connu en occident pour être le célèbre Oncle Xian, le maître de Jean-Claude Vandamme dans Kickboxer (1989). Dans Twin Dragons, il apparait dans le rôle d’un passeur lorsque Boomer et Tyson tente de quitter le territoire de Hong-Kong. C’est deuxième fois qu’il donne la réplique à Jackie. En 1985, il apparaissait dans First Mission dans le rôle d’un serveur malhonnête.

STEPHEN TUNG WAI

Stephen Tung Wai (ou Wei) est l’un des plus connus des chorégraphes et coordinateurs de cascades du cinéma de Hong-Kong. Il apparait dans le film furtivement juste avant que le boss Yung se fasse percuter par un camion.  Stephen Tung-Wai a coordonné les scènes d’actions d’une soixantaine de films. Il s’occupera des scènes d’actions pour les plus grands cinéastes comme John Woo pour Le Syndicat du Crime (1986), Wong Kar-Wai sur As Tears Go By (1988), Nos Années Sauvages (1990) et 2046 (2004), Zhang Yimou sur Hero (2002) ou encore Tsui Hark sur The Blade (1995) et Seven Swords (2005). A ce jour, Stephen Tung Wai a remporté six fois les meilleurs chorégraphies d’actions aux HK Film Awards dont la particularité est qu’ils ont quasiment tous été réalisé par son plus fidèle collaborateur, le réalisateur Teddy Chen. Ses récompenses correspondent à Downtown Torpedoes (1997), The Accidental Spy (2001), Bodyguards & Assassins (2009), Kung Fu Jungle (2014) et Operation Mekong (2016) de Dante Lam, seul film du lot a avoir été mis en scène par un autre réalisateur. Etrangement, Stephen Tung Wai n’aura jamais percé en tant que réalisateur. Sur quatre réalisations, son seul film notable, mais néanmoins médiocre, est The Hitman (1998) avec Jet Li, Eric Tsang, Simon Yam et Gigi Leung. Pour l’anecdote, on peut voir un tout jeune Stephen Tung Wai dans Operation Dragon. Il joue l’élève dont Bruce Lee apprend à ne pas se concentrer sur son doigt qui pointe la lune.

WONG JING

C’est sans doute l’apparition la plus mémorable de Twin Dragons. Wong Jing apparait sous les traits d’un charlatan censé guérir le corps multi-fracturé du Boss Yung suite à son accident. Intervient alors un médecin de l’hôpital incarné par l’une des figures les plus emblématiques du cinéma d’arts martiaux de Hong-Kong à savoir Liu Chia-Liang qui stoppe la séance en envoyant valser le charlatan. Wong Jing est sans doute le producteur, réalisateur et scénariste le plus prolifique du cinéma de Hong-Kong (voir du monde). Wong Jing, c’est à ce jour 186 films produits, 217 scénarii signés et 120 films réalisés ! Jackie Chan tournera d’ailleurs pour le réalisateur sur le culte Niki Larson (1993).

LIU CHIA-LIANG

On ne présente plus Liu Chia-Liang. Il a commencé sa carrière en 1950. Il est crédité en tant qu’acteur sur 132 films. Il a chorégraphiés les combats sur 120 films et en a réalisé une vingtaine films dont les plus notables sont La 36ème Chambre de Shaolin (1978) avec Gordon Liu, Les Arts Martiaux de Shaolin (1986) avec Jet Li, la comédie d’action Tiger on the Beat (1988) avec Chow Yun-Fat et le cultissime Drunken Master 2 (1994) qu’il co-réalisera avec Jackie Chan avant qu’il quitte le projet pour dissension artistique (NDR: il aura voulu surutilisé les câbles ce qui ne plaisait pas à Jackie). Il mettra l’année suivante en scène une suite non officielle intitulée opportunément Drunken Master 3 pour se venger. Le film sera une catastrophe. Sa dernière apparition et chorégraphie d’actions au cinéma est Seven Swords (2006) de Tsui Hark. Liu Chia-Liang décédera sept ans après d’une leucémie à l’âge de 76 ans.

DAVID WU

David Wu apparait sous les traits d’un serveur totalement déboussolé par la présence des deux jumeaux à des tables différentes. Il est le chef monteur HK le plus populaire du monde. Sa signature est un mélange stylisé et bien senti de ralentit et d’arrêt sur image. Indissociable de la filmographie de John Woo et de Ronny Yu, il est également le monteur de Peking Opera Blues (1986) de Tsui Hark, du culte Histoire de Fantômes Chinois (1987) de Ching Siu-Tung ou encore du superbe Gunmen (1988) de Kirk Wong. David Wu quitte Hong-Kong juste avant la rétrocession à la Chine en suivant des réalisateurs comme Ronny Yu sur ses productions américaines comme Magic Warriors (1997), La Fiancée de Chucky (1998) et Le 51e Etat (2001) avec Samuel L.Jackson et Robert Caryle. Parallèlement, il montera une partie des combats du Pacte des Loups (2001) de Christophe Gans. Il retrouvera John Woo sur Les Trois Royaumes (2009) et The Crossing (2014) Son dernier montage date de 2016, sur la géniale production chinoise de Wong Kar-Wai, See You Tomorrow de Zhang Jiajia avec Tony Leung Chiu-Wai, Takeshi Kaneshiro, Eason Chan et AngelaBaby.

ERIC TSANG

Dans Twin Dragons, Eric Tsang apparait furtivement dans la scène où les jumeaux se rencontrent dans les toilettes avant le concert. D’abord animateur télé très populaire à Hong-Kong, il est devenu une figure emblématique du cinéma de Hong-Kong et un très bon ami de Jackie et de Sammo Hung pour lesquels il apparait assez souvent notamment parmi les membres des « Lucky Stars ». Au cours de ses 50 ans de carrière, il a été crédité dans 279 films en tant que comédien. On se souvient de lui notamment dans Infernal Affairs (2002) d’Andrew Lau et Alan Mak, le thriller Final Victory (1987) de Patrick Tam et dans le drame romantique Alan & Eric: Between Hello and Goodbye (1991) de Peter Chan avec Alan Tam et Maggie Cheung et pour lequel Eric Tsang recevra le prix du meilleur acteur aux HK Film Awards. Il obtiendra deux fois le prix du meilleur comédien dans un second rôle pour les drames Comrades Almost a Love Story (1996) de Peter Chan et Mad World en 2016. Il a également mis en scène plus d’une vingtaine de films dont les deux premiers Mad Mission avec Sam Hui et Karl Maka. Il a également remplacé Jackie Chan au poste de réalisateur pour les besoins de Mister Dynamite, lorsque Jackie s’est gravement blessé au crâne lors de sa chute du haut d’un arbre qui a failli lui couter la vie.

JAMIE LUK

Jamie Luk interprète Rocky, l’hilarante brute et petit copain de Tong Sum (Nina Li-Chi). Il est un acteur et réalisateur de Hong Kong qui a commencé aux côtés de Chang Che. A ce jour, il est apparu dans 166 films et est crédité au poste de réalisateur 22 fois dont le nanar mais néanmoins sympathique CAT-III, Robotrix (1991) avec Amy Yip, un croisement improbable entre la sf de James Cameron et la sexploitation de Russ Meyer). Jusqu’à aujourd’hui, que ce soit à un poste discret ou plus important, il est un fidèle collaborateur du réalisateur Derek Yee (Shinjuku Incident) notamment lorsque celui-ci envisageait sérieusement une carrière d’acteur.

CLIFTON KO

Le célèbre réalisateur de Hong-Kong connu pour ces innombrables comédies sorties pour le Nouvel An chinois apparait furtivement sous les traits d’un vendeur tentant comme il peut de protéger ses articles lors d’une bagarre totalement loufoque entre Rocky et Boomer. Sa carrière s’est rapidement fait discrete après son exil aux Etats-Unis suite à la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Parmi ces meilleurs comédies, on citera All’s Well, Ends Well (1992) avec Stephen Chow, Leslie Cheung et Maggie Cheung et Chicken and Duck Talk (1988) avec Michael Hui (Rob B Hood). En 2019, il tente un grand retour sans grande conviction avec Dearest Anita, un film hommage autour de la célèbre diva Anita Mui décédé en 2003.

JACOB CHEUNG

Moins prolifique que ces compères cinéastes, Jacob Cheung n’en reste pas moins un très estimé réalisateur de Hong-Kong. Dans Twin Dragons, il apparait sous les traits d’un caissier lorsque Boomer croise Rocky. Il se fait remarqué dès son premier long-métrage avec Last Eunuch in China (1987) avec Max Mok, Sammo Hung et Andy Lau, pour lequel il est nominé dans la catégorie du meilleur réalisateur aux HK Films Awards. Il récidivera en tant que nominé dans cette même catégorie avec le drame Beyond the Sunset (1989) mais remportera celui du meilleur scénario et celui du meilleur film. C’est avec son cinquième long-métrage, le désespéré et tragique Cageman (1992) qu’il sera consacré en rapportant le prix du meilleur réalisateur, scénariste et meilleur film ainsi que le prix du meilleur rôle masculin pour Liu Kai Chi. L’histoire raconte la vie d’un jeune homme (Liu Kai Chi) sans emploi qui rencontre Koo Yiu-choo (Roy Chao), gérant d’une maison-cage qui lui propose un espace pour vivre. Touche à tout, il réalisera la comédie Always in my Mind (1993) avec Michael Hui et Josephine Siao, le film drame horrifique The Returning (1994) avec Tony Leung Chiu-Wai et Wu Chien-Lien, le drame sentimentale avec Intimates (1997) avec Charlie Yeung et Carina Lau et le film épique martial Battle of Wits (2006) avec Andy Lau et Fan Bingbing. Son dernier film date de 2014 avec le film d’arts martiaux fantastique La Sorcière Blanche avec lequel il renoue avec Fan Bingbing.

L’ORCHESTRE ET SES 16 CINEASTES !

Alors là, c’est un festival ! Seul les plus aguerris reconnaitrons aux violons : David Lam (la saga des « Storm » avec Louis Koo), Ching Siu-Tung, Gordon Chan, Ricky Chan, Tung Lu (scénariste entre autres de La Danse du Lion (1982), Andrew Kam (The Big Heat aux côtés de Johnnie To). Aux cornets à pistons : Teddy Yip (réalisateur mais surtout acteur dont le visage est très identifiable) et Hark-On Fung (le nemesis en costard blanc de Jackie dans le final homérique de Police Story et réalisateur de quelques polars). Aux percussions : Yonfan, Lau Kar-Wing et Liu Chia-Yung (Skinny Tiger and Fatty Dragon). A la trompette: Peter Mak (The Wicked City), Allan Fung. On reconnaitra également Joe Cheung, Roman Tam et dans le public le vétéran cinéaste Chuan Yang.

RINGO LAM, TSUI HARK ET NG SEE-YUEN

Avec celle de Liu-Chia Liang et Wong Jing, c’est l’apparition la plus mémorable. Tous les fans de Hong-Kong les ont reconnu d’être le premier coup d’œil. En effet, les deux réalisateurs et le producteur de Twin Dragons apparaissent en vigile durant le grand final du film, entrain de se taper une partie de carte. Feu Ringo Lam est connu en occident pour avoir réalisé trois Van Damme (Risque Maximum, Replicant et In Hell) mais il est surtout reconnu pour être l’un des cinéastes de Hong-Kong les plus nihilistes avec sa célèbre trilogie des « On Fire » ou encore Full Alert (1996). Il est décédé le 29 décembre 2018. On ne présente plus le grand cinéaste Tsui Hark connu pour son culte Zu, Les Guerriers de la Montagne Magique (1983), la saga des Il Etait une Fois en Chine et celle des Detective Dee et les sublimes The Blade (1995) et Time and Tide (2001). Dernièrement, il a co-signé le plus grand succès de l’histoire du box-office chinois avec Battle at Lake Changjin (disponible chez Wilde Side sous le titre Heroes) et sa suite. Un mot également sur le célèbre producteur Ng See-Yuen. C’est lui qui a su le premier percevoir le génie physique et comique de Jackie Chan en misant sur lui pour Snake in Eagle’s Shadow (1978) et Drunken Master (1979). Il a également lancé la même année la carrière de Tsui Hark en produisant son film d’horreur The Butterfly Murders. La suite, on la connait. Il a produit près de 45 films. Sa dernière production date de 2013, le film de Wong Kar Wai, The Grandmaster.

JOHN WOO

On ne présente plus le très grand cinéaste Hongkongais. Dans Twin Dragons John Woo apparait dans le rôle d’un prêtre s’apprêtant à marier les jumeaux avec Barbara (Maggie Cheung) et Ton Sum (Nina Li Chi). Le rôle de prêtre peut être vu comme un clin d’œil tant la filmographie de John Woo est empreint de référence aux christianismes. Fraternité, redemption et sacrifice sont les thèmes favoris du créateur du genre « Heroic Bloodshed » avec ses polars d’actions totalement cultes comme Le Syndicat du Crime (1986), The Killer (1989), Une Balle dans la Tête (1990) et A Toute Epreuve (1992). Il s’est ensuite exilé aux Etats-Unis avec une carrière en demi-teinte (seul Volte/Face (1999) saura retrouvé un style Wooien). Il reviendra en Chine avec l’impressionnante fresque Les Trois Royaumes (2008). Il décevra une nouvelles fois avec The Crossing (2014) mais surtout avec son retour au polar raté Manhunt (2017). Son prochain film américain Silent Night, un film d’action sans dialogue, avec Joel Kinnaman (les séries US, The Killing, Altered Carbon et For All Mankind), est attendu pour 2023.

TSUI SIU-MING

Bien connu des afficionados des films d’arts martiaux de Hong-Kong, Tsui Siu-Ming a surtout œuvrer dans les années 80 en signant notamment les chorégraphies d’action du premier et seul film réalisé par Jet Li, Born to Defense (1986). Il est également le mentor de l’actrice Moon Lee (Angel). Il signe la dernière apparition de Twin Dragons dans le rôle d’un prêtre qui apporte une lettre à Ma.

UNE FLOPEE DE CASCADEURS

La Guide des Réalisateurs de Hong-Kong a contribué à la création de la Guide des Cascadeurs de Hong-Kong (dont les recettes de Drunken Master 2 seront reversés par ailleurs), par conséquent, il n’est pas étonnant d’apercevoir plusieurs cascadeurs et chorégraphes de Hong-Kong participer au film notamment les membres de la Jackie Chan Stunt Team comme Mars, Benny Lai, Johnny Cheung Yiu-Wah, Chan Tat-Kwong, Rocky Lai Keung-Ku, Anthony Carpio et Wan Fat ainsi que Nicky Li Chung-Chi et Dion Lam qui sont devenu des chorégraphes et coordinateurs de cascades réputés.

 

Au début des années 1990, l’industrie cinématographique de Hong Kong était au sommet de sa gloire. Avec Twin Dragons, les cinéastes de Hong-Kong étaient rentrés dans un état d’unité sans précédent. De ce fait, Twin Dragons s’inscrit comme une oeuvre culte du cinéma de Hong-Kong, symbole d’une synergie absolument incroyable qui régnait durant l’âge d’or de cette incroyable et prolifique industrie cinématographique. A voir et à revoir sans modération.

On vous conseille vivement d’éviter la version américaine sortie en 1999 sous la bannière de Miramax/Dimension Film dirigé par le méprisable Harvey Weinstein, qui s’est non seulement permis de changer la superbe musique original de Lowell Lo mais a également tronqué le film de nombreuses petites scènes et plans où apparaissent certains réalisateurs. Par chance, l’édition française a été épargné grâce à sa sortie en 1993 sur support vhs chez l’éditeur Delta Video. La licence est depuis passé chez Metropolitan Film Export. Le film disponible en dvd et blu-ray.

 

3 Comments
  • Newkolby

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    J’imagine le collectif des réalisateurs américains s’unir pour un film ? C’est hallucinant ce qu’on fait ces chinois, c’est juste wouahou…. Une époque qui est vraiment très loin qu’on ne verra plu jamais, seule la nostalgie sera notre compagnon… Merci encore à tirry

    • Tirry

      Merci Newkolby. Ca fait plaisir.
      C’est une époque qui est le reflet de son temps. Si la qualité n’est plus au rendez-vous, notamment au niveau de l’écriture. Ils ont gardé ce sens collectiviste.
      Après tout Big Brother (Miracle), a pas mal de guest. La comédie The Banquet (sorti en novembre 1991 à HK) avait réuni près de 200 célébrités HK (chanson, ciné, télé) pour aider les sinistrés des inondations en Chine continental suite au passage de plusieurs typhons en juillet 1991. Et dernièrement, la comédie All U Need is Love (2021) pour laquelle Jackie a fait une apparition parmi une cinquantaine d’autres a été fait pour soutenir l’industrie du ciné HK impacté par l’épidémie.

  • Aerosniff Someglue

    Répondre

    La grosse scène d’action (15 minutes) vers la fin du film écrase tout le reste (et on sent clairement que Jackie Chan devait être derrière ou tout près de la caméra).

    Cela ne suffit pas à en faire un bon Jackie, et encore moins un bijou.

    C’est du Jackie moyen.

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